Modénatures mutantes

L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière ; la modénature est encore et exclusivement le jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière. La modénature laisse tomber l’homme pratique, l’homme hardi, l’homme ingénieux, elle en appelle au plasticien.

LE CORBUSIER, Vers une Architecture, 1923

Cette série de photographies du quartier Grandclément à Villeurbanne questionne l’impact des transformations s’opérant sur les modénatures existantes du quartier. Comment s’opèrent-elles ? De quels phénomènes sont-elles la manifestation ?

Les modénatures de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe à Grandclément semblent « travaillées » après-coup :

perturbées dans leur écriture de lumière ou dans leur forme matérielle par l’arrivée des réseaux;
effacées par les éléments quand elles étaient dessinées en trompe-l'œil;
réinventées hors des murs des façades;
chargées de sédiments, poussières ou graines (créant les conditions de leur « devenir jardin »);
surmontées d’enseignes qui périclitent;
recouvertes d’inscriptions ou de Mediums qui en perturbent, voire en dissimulent, la lecture.

Les constructions contemporaines privilégient le plus souvent une absence de modénature, une planéité de la surface de la façade, comme un écho de la peinture moderne. Cette esthétique du lisse a vocation à se répandre avec la technique de l’isolation par l’extérieur du béton banché. On assiste donc à l'érosion des cadres classiques qui ont longtemps structuré les façades, des plus modestes aux plus cossues. Ce sont alors les échafaudages, compléments temporaires de la construction, qui viennent provisoirement animer le jeu des ombres et lumières.

En attendant un monde urbain lisse de toute aspérité.